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Les arguments pour faire travailler gratuitement des professionnels

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Pour nombre de profanes, l’Intelligence Economique est une création intellectuelle théorique et abstraite. C’est une idée reçue qui perdure.

Pour la rendre plus concrète, j’ai donc fouillé Internet.

Et c’est au hasard de mes pérégrinations que j’ai découvert le concept de « speculative work« , en vogue dans les milieux du graphisme, et les dérives professionnelles à l’œuvre dans ce métier.

Des pratiques qui ne m’ont que modérément étonné, puisque j’ai moi même, à mes débuts, expérimenté le concept de « vendu-perdu » : un prestataire de service (généralement dans le monde de la communication) démarche un client en lui proposant des prestations de services. A l’appui de ces prestations, il fait appel à des sous-traitants pour obtenir (gratuitement) des services qui attireront l’attention du client, comme un audit de réputation en ligne, par exemple. Si le client accepte de travailler avec le prestataire, le sous-traitant est payé (vendu). Dans le cas contraire, personne ne touche rien (perdu). Pour amener le sous-traitant à coopérer, des arguments du type « On n’a aucun budget, mais, bon, ça pourrait te faire de la pub » ou « Ca serait gratuit, mais c’est un gros projet, hein ! » sans compter les argumentaires plus spécieux. Un décryptage sémantique des deux phrases précédemment mentionnées laisse apparaître une prédominance de « on » et de « ça« , qui dépersonnalise le propos pour mieux désengager son émetteur. Votre interlocuteur vous prend pour un amateur passionné et flatte votre ego, pour en tirer financièrement parti. Dans les deux cas, rien ne vous empêche de rappeler que vous êtes un professionnel, notamment en produisant un devis, que « toute peine mérite salaire« , que votre banquier (ou votre commerçant) n’accepte que les euros ou, de manière plus offensive, que le Code Pénal sanctionne le travail dissimulé.

Le même fléau touche parfois les cabinets de conseil en stratégie de communication ou les Web agencies. Un client lance un appel d’offre pour refaire son site Internet, l’agence planche dessus pendant trois jours (sans compter les nuits) et soumet son offre, le client ne revient pas vers l’agence, ou lui dit que son offre n’a pas été retenu. Trois mois plus tard, le DA (Directeur Artistique) tombe sur le site du client qui, à quelques modifications près, ressemble à celui proposé par l’agence. L’appel d’offre n’avait d’autre objectif que de fournir gratuitement des idées intéressantes.

Au delà de la légalité ou de la légitimité de ces pratiques, quelles que soient le nom qu’elles se donnent et les intentions généreuses qu’elles proclament, se pose une question : comment protéger son savoir-faire ? Or, le savoir-faire, tout comme l’image de marque, constitue ce que l’on appelle, en Intelligence Economique, le patrimoine immatériel de l’entreprise.

A ce stade, il convient de rappeler qu’en matière de protection du savoir-faire appliquée à une prestation intellectuelle, la loi du 11 mars 1957 ne prévoit que le dépôt du dessin à l’INPI. Outre que la démarche est coûteuse pour un prestataire qui répond plusieurs fois par mois à des appels d’offre, celui qui, malgré tout, procéderait à cette démarche ou recourrait à celle de l’enveloppe Soleau se verrait de facto exclu des appels d’offre. Tout comme celui qui facturerait sa participation à l’appel d’offre.

De ce fait, faut-il boycotter les appels d’offre ? Le débat reste ouvert…

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2 réflexions au sujet de « Les arguments pour faire travailler gratuitement des professionnels »

  1. Déjà on peux s’envoyé par recommandé les travaux, ce qui atteste d’une date (ATTENTION : Classer bien vos recommandé SANS les ouvrir) ou utiliser la lettre recommandé électronique (MIEUX)

    La notion de droit d’auteur est en France à Géométrie variable, j’en ai fait les frais, et puis il faut encore et toujours un budget Temps + budget Argent … (Equation si ils sont gros il auront un meilleur avocat , donc vous aurez perdu temps + argent + frais (si vous croyez en la justice sur le droit d’auteur, ou de création libre à vous …)
    Si ils n’ont d’argent vous aurez dépensé : temps + énergie + argent …
    Et même si ils perdent il ne pourront pas payer …

    Au final, pour avoir eu de récent échange avec des collègues, Pour moi le plus simple est d’offrir la première heure , et ensuite de faire tourner le compteur …

    Si vous avez quelqu’un de correct, il trouvera cela légitime …
    Dans le cas contraire, j’ai fait le choix de passer mon chemin …
    Mieux vaux du temps à soi.
    Que du temps perdu sur le projet d’un autre …

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